Si je n'avais pas lu Edward Saïd, je serais orientaliste - لو ما قرأت كتاب إدوارد سعيد لكنت مستشرقة

Tuesday 14 June 2011

A-t-on à ce point là besoin du "e" ?




Je n’ai rien contre les luttes féministes, bien au contraire ( même si le type le plus répandu de féminisme que l’on trouve en France ne me plaît guère ), mais il y a certaines «luttes» qui ne me paraissent rien de plus qu’un délire inutile, par exemple, la féminisation des noms. Je ne supporte par qu’on dise d’une femme écrivain qu’elle soit «écrivaine». Peut-être est-ce ma culture, trop ancrée dans le patriarcat, dont je ne peux me défaire pour ces mots-là, mais pour moi ce genre de détail dessert plus qu’il ne sert les luttes, les vraies, féministes ( égalité de salaires, etc ). C’est comme si on mettait un accent, une insistance sur le fait que cette personne là est femme, avant d’être écrivain, alors que pour un homme on fera plus attention à ce qu’il soit un écrivain, avant d’être un homme. Pourquoi ne pas prendre comme définition standart «écrivaine», y compris pour désigner les hommes écrivains ? Ca c’est parce qu’on est, français, faits d’une culture à tendance patriarcale, c’est notre héritage, quoi qu’il se passe. A quoi cela servirait d’effacer l’histoire ? Le matriarcat est-il tellement plus enviable ? Autre discussion.

Bref, le mot de base est «écrivain», mais son utilisation est devenue neutre, neutre masculin certes, mais neutre depuis qu’il y a aussi des femmes écrivains. Alors pourquoi ne pas continuer dans cette voie là, la voie de la neutralisation des noms ( qui ne seront pas plus neutres si on les féminise ), pour que quand on présente un écrivain, on se foute qu’il soit homme ou femme, on s’occupe tout d’abord de ce qu’il est écrivain avant tout. C’est là pour moi un vrai argument féministe : faire en sorte qu’on ne se préoccupe pas du sexe de la personne qui occupe tel ou tel métier. Le métier a un seul nom, écrivain, et c’est tout. Hommes et femmes peuvent faire ce métier, sans restriction, sans discrimination. Faire un mot différent pour les femmes, n’est-ce pas quelque part en faire une métier différent, et ainsi accentuer quelque chose, la différence ( qui mène malheureusement trop vite à la discrimination dans ce genre de cas ), que le féminisme se tue à dépasser ? Un homme et une femme sont différents, certes, mais un homme qui écrit et une femme qui écrit font exactement la même activité, alors pourquoi utiliser deux mots différents ? Un seul suffit, écrivain. Notre histoire a voulu que ce mot soit masculin, soit, mais c’est de l’histoire, il faut la connaître et l’assumer pour mieux la dépasser, et passer à autre chose.

Monday 6 June 2011

Quand ça se finit bien


J’ai toujours eu du mal à apprécier les livres ( ou les films ) qui finissent mal ... La vie est souvent trop triste pour qu’on se sente le besoin d’en rajouter dans la fiction, j’ai donc tendance à éviter toute histoire triste, même de très bonne qualité. Seuls deux livres m’ont fait pleurer auxquels j’ai pu mettre 5/5 parce que l’histoire me touchait tellement au plus profond que je ne pouvais émettre aucune critique dessus : «My place» de Sally Morgan ( non traduit en français je crois ), autobiographie d’une enfant aborigène enlevée à sa famille dans son enfance à cause de l’affreuse politique de cette époque ( trop récente à mon goût ) qui enlevait les enfant aborigènes à leurs familles pour les élever dans des pensionnats et les «blanchiser» culturellement ( interdiction de parler leur langue maternelle, etc ). L’autre livre est «les matins de Jénine» ( «the scar of David», en anglais ) de Susan Abulhawa, l’histoire sur trois générations de femmes palestiniennes, et qui retrace en toile de fond les grands événements dramatiques de l’histoire palestiniennes du vingtième siècle.

Deux histoires de colonisations, deux histoires de peuples déracinés, d’exil, je ne sais pas pourquoi je suis touchée par ces sujets, moi qui ne suis ni colonisée ni déracinée ( mon père est certes immigré italien mais je ne sais pas si ça peut compter pour beaucoup ), mais c’est systématiquement ces thèmes qui me percent au plus profond, qui m’obsèdent.

Et donc seulement avec ces thèmes je peux temporairement supporter une histoire triste, mais il faut alors vite que je lise ensuite quelque chose de léger, sinon je passerais ma vie à pleurer.

Tout ça pour dire que j’ai dernièrement lu une histoire que je voyais finir mal, mais qui à mon agréable surprise s’est bien terminée, et donc me donne envie de lire d’autres livres de cette auteur : «the translator» de Leila Aboulela, l’histoire d’une musulmanne qui tombe amoureuse d’un professeur écossais, histoire qui peut paraître à première vue cliché et où l’on s’attend à y retrouver les clichés attachés à ce genre de sujet, mais finalement c’est joliment écrit ( moi qui d’habitude n’aime que très peu les livres écrits par des femmes, sauf exceptions ci-dessus ), clichés évités, et on est contents que ça se termine bien.