Si je n'avais pas lu Edward Saïd, je serais orientaliste - لو ما قرأت كتاب إدوارد سعيد لكنت مستشرقة

Tuesday 27 December 2011

كتابان وكاتبتان ...

انتهيت للتو قراة كتاب زينة لنوال السعداوي وكتاب آخر لكاتبة توركية اسمها اليف شفك وهي تكتب بالانكليزية.

في الدروس للغة العربية في فرنسا تعلمنا ان كفاح نوال السعداوي من اجل حقوق المرأة كان عظيم ومهم جدا ومع ان لا اعرف كثير عن حياتها لا ازال افكر انها شجاعة واننا في حاجة الى اشخاص مثلها ... ويمكن بسبب ذلك وما سمعت من مدح على لسان معلماتنا انا متحيرة قليلا بعد ان قرأت كتابها الجديدة والاول قرأته لها. متحيرة ومحبطة نوعا ما. كنت اتوقع كتاب عميق ومليء بأشخاص والوان وشعور مختلفة ومتناقضة في الآن وما قرأت هو خيبة الأمل والظلام من البداية حتى النهاية ولا شيء جميل لتعطيك آمل ولو قليلا في الانسان والحياة. اعرف انه كتاب واقعية جدا ولكن اصلوب الكاتبة الغريبة في متكرر الجمل والشعور تجعلك لا تريد ان تقرأ اكثر لانك تعرف سابقا ان الباقية سوف تجعلك نفس الشعور من خيبة الامل. وكنت اعتقد انتقاد من المجتمع اكثر عميقة ايضا : وجدت فقط شخصياة  ظالمة ومظلومة التي تختلط كل شيء بين الدين والايمان والتقاليد والثقافة والجهل والحمق الانساني ولا تظهر الكاتبة رغبة في الشرح والتبيين وفي اظهارنا واقعية اخرى ممكنة في مجتمعنا ومجتمع عربي (واقعية اخرى غير وهمية لانني شفتها بعيني !) ... اذا لا عرفت ان الكتاب من سيدة مصرية عظيمة لفكرته مكتوب على يد عنصري اوروبي فكرته الوحدة هي افناء الاسلام والاديان الاخرى والشعوب العرب ...
السبب الواحد اراه في كل هذا هو ان المؤلفة قضت كل حياتها شاهدة على اكثر قصص حزينة في عيادتها من ان تحتمل ويمكن ان ما عندها القدرة لكتابة قصة اكثر خفيفة او اجابية من ذلك ...

من جانب اخر فضلت تقريبا الكتاب الاخر لأليف شفك. ما عجبتني الكتابة التي تشبه كتابة بولو كويلهو (احب قصصه مع ان كتابته مملة للغاية في نظري) ولكن هذا الكتاب نادر في النظر الذي يعطينا على الاسلام والتصوف ... اعني ان نادرا ما تجد كتاب ايجابي الى هذا الحد عن هذا النوع من المواضيع في الغرب مع ان كل القصص فيه حزينة ايضا...

اذن احدى قراراتي للسنة الجديدة هي قراءة كتب اخرى لكلا الكاتبتين نوال السعداوي (اريد ان اتأكد من ان كل كتاباتها ليست محبطة هكذا) واليف شفك (واريد ان اقرأ ما هي كتبتها وعندها كل ثروة الثقافتين الشرقية والغربية)...  

Saturday 24 December 2011

Quand on est fauché ...

... Il existe un système de cadeaux sympa : que chaque personne présente achète un seul cadeau, sans savoir à qui il est destiné, donc il suffit de trouver quelque chose d'assez général, ce qui permet aussi de ne pas se torturer les neurones sur quel objet pourrait convenir a quelle personne ... Là le seul critère nécessaire et suffisant étant la généralité. On peut faire du fun si on veut, si on est sûr de l'ambiance ... Ou pas d'ailleurs.
Bref, donc une fois que chacun a acheté et emballé son cadeau, on les mets tous sous le sapin ou autre si c'est pas Noël, on leur colle chacun un bout de papier avec un numéro, et on met un double de ces bouts de papiers, avec les mêmes numéros dans un chapeau ou n'importe quel récipient qui se trouve sous la main, et voilà, on fait une séance de pioche aux numéro, celui qui tire le bout de papier numéro 7 prend le cadeau étiquetté numéro 7 ...
Ce qui est un bon système puisqu'au lieu de mettre peu d'argent dans une mulitutde de cadeaux, on peut se permettre de mettre un peu plus cher, pour un seul cadeau, et du coup tout le monde est à peu près assuré d'avoir un cadeau valable au bout de la soirée ... Bref, joyeuses fêtes !

Monday 12 December 2011

هذا الزمان مشوم كما تراه غشوم"
الحمق فيه مليح والعقل عيب ولوم
"والمال طيف ولكن حول اللئام يحوم

من مقامة الساسانية للهمذاني
كتبت من زمان وما زال عصرية

«Ce temps est funeste, comme tu le vois, inique
La bêtise en lui est plaisante, la raison une honte et un motif de blâme
L'argent est un spectre mais c'est autour des méchants qu'il flotte.»
(extrait de la maqâma sassanide de al-Hamadhani, traduction de K. Zakharia)

Ecrit il y a une sacrée paire de siècles, et si moderne ...

«Those times are doomed, as you can see, unfair,
Stupidity is pleasant, and reason a shame to be blamed
Money is a wraith, but around the wicked it floats»
(excerpt from the Sassanid Maqama by al-Hamadhani)

I always love it when I read centuries-old texts and they happen to sound so modern.

Sunday 11 December 2011

     Interesting piece on the notion of masculinity and cultural stereotypes in north america, and about shifting gender roles through history touching more and more societies ( it goes with a standing point I've been having for a long time : I don't take actively part in any feminist movement, not because I'm against it, but because the whole society is changing anyway, I'm from a generation who has to follow the change more than to start it ).

     Ah tiens, ça nous change des fondamentalistes musulmans ceux là ... Personnellement je me contrefiche des fondamentalistes de tous bords, qu'ils soient musulmans, athées, chrétiens, juifs ou autre, du moment qu'ils n'enfreignent pas les limites de leur libertés ( c'est-à-dire là où commencent celles des autres ). Et qu'on ne me sorte pas que certains fondamentalistes ont tendance à dépasser plus leurs limites que certains autres. L'histoire de l'humanité nous montre à quel point aucun groupe humain n'échappe à la connerie et la violence qui va avec. 

والمقالة المضحكة اليوم هذه ... حقا من هن تحبن هذا اطلاقا ؟

Wednesday 7 December 2011

Un lien intéressant sur le "printemps arabe", avec une vision que l'on entend peu hors du monde arabe suivi d'un commentaire tout aussi intéressant, et un autre aspect de certains intellectuels arabes pourtant connus ... et un autre aspect, aussi, le rôle d'internet, plus en plus flou, nécessitant de plus en plus de précautions quant aux informations qu'on en tire.

Ah oui et rien à voir, mais la télé, ô choc, peut avoir du bon ...

Wednesday 30 November 2011

A pays tranquille ...



... Problèmes tranquilles :
     Vu aujourd’hui en ville dans un quartier petit-bourgeois : des panneaux et des affiches sur le trottoir autour d’un école : protestation contre ... les crottes de chiens sur le trottoir. 
     Pas de guerre, pas de famine, pas de maladies graves, rien de tout ça, les gens ici ne semblent avoir qu’un problème : les crottes de chiens. Et pire, ces chiens osent chier devant une école ! C’est tellement dur d’éduquer un enfant à regarder où il met les pieds ( après tout c’est connu que la vie est tellement facile, c’est pas comme si on avait besoin d’être vigilant sur quoi que ce soit, certainement pas sur un trottoir ! ) ... Et que c’est bien plus facile d’imprimer et écrire sur tout un tas de pancartes que quand même, les chiens devraient arrêter de chier.
     Bon, tout cynisme mis à part, je suppose que c’est un signe de la fin des temps ( tels qu’on les connaît du moins, pas besoin d’apocalypse pour ça, les financiers s’en chargent très bien ) : les gens sont finalement tellement flippés par tout, même dans un quartier tranquille d’un pays riche en paix qui déborde de bouffe et de médicaments et d’assurances contre tout, qu’ils ne pensent pouvoir surmonter qu’un seul problème dans leur vie : les crottes de chiens.
Quel monde.

Monday 28 November 2011

L'or noir, bénédiction et malédiction des arabes ... Et le reste.

     Tout européen/américain qui fait un film, ou autre oeuvre artistique, sur le moyen orient coure le risque de se faire taxer d'orientalisme (Edward Saïd est passé par là), même là où il n'y a pas lieu d'être, ou si peu (Edward Saïd a aussi bien fait son boulot, du moins pour ceux qui ont écouté la leçon).
     Mais en dépit de minimes critiques (un surjeu d'acteur de la part d'un, une réplique mal renseignée comme sur le mariage musulman, qui contrairement au mariage chrétien n'est pas un acte sacré, c'est un contrat), le film Or Noir reste tout à fait convaincant, motivant, et l'histoire intéressante, où chaque personnage est bon et mauvais à la fois tout en croyant bien faire, pas de dramatisation inutile, de lourdeurs (sauf pour ceux qui n'aiment pas les scènes de combat), pas de sur-utilisation du rôle de la religion (que c'est agréable par les temps qui courent, un film qui reste réaliste à ce sujet !)... Et bien sûr les costumes, les paysages, les maisons, et le physique des acteurs sont à eux seuls des arguments pour courir voir le film ... Bref, en ce qui me concerne, bien mieux que Lawrence d'arabie.

     L'ordre et la morale : nous somme loin de Hugo, Voltaire, des droits de l'homme et de tout ce qui pourrait rendre fier d'être français. Si on n'est pas convaincu de la pourriture qui règne en politique, ou si on pense que le colonialisme est vraiment terminé, alors allez voir ce film. (Dommage que la bande son soit trop présente, ou peut-être juste mal adaptée ?)

     Intouchables : maintenant que le gros des troupes l'a vu, il y a enfin de la place dans les salles. Malgré le rabattage médiatique, film hautement réussi, drôle, qui redonne de l'espoir concernant ce stupide animal qu'est l'homme. Et Omar Sy est un sacré bon acteur, en plus d'être bon comique ...

     Time out : bon film d'action, bonne idée de départ (le temps a remplacé l'argent) bien que pas exploitée à fond, Robin des bois du XXIème siècle, allégorie tranparente de notre système capitaliste ... Et mention spéciale à l'actrice aux beaux yeux (Amanda Seyfried) qui passe tout le film à courir avec des talons de 15 centimètres.
Ah oui et quelqu'un pourra-t-il m'expliquer pourquoi le nom originel du film (In Time) a été traduit pour le public français par ... Un autre titre en anglais (time out) ?!

Friday 25 November 2011

Si je pouvais mettre les voiles ...

     "Qu'est-ce que les hommes peuvent comprendre à cette humiliation subie par les femmes, à ce voile qui symbolise la culpabilité d'habiter un corps féminin, comme si les femmes devaient avoir honte de leur crâne ? Est-ce une vie digne d'un être humain que de se sentir coupable par le simple fait d'exister ?"
(p.95 de Je ne suis pas celle que je suis de Chahdortt Djavann). *

     Je suis toujours étonnée quand je lis ce genre de témoignage (romancé dans ce cas là), ce genre d'opinion. Je me demande quelle triste vie a pu aboutir à ce que quelqu'un éprouve des sentiments si violents sur un bout de tissu, lui donne de si énormes symboles.
     Mon expérience a été radicalement différente, l'exacte inverse : je rêve de pouvoir me promener dans la rue avec un voile sur la tête sans que personne n'y trouve rien à redire, que ça ne soit considéré comme rien d'autre qu'un simple vêtement. Pouvoir mettre un voile comme d'autres mettent un jean vert.
     J'ai porté le voile pendant mon séjour en Jordanie, profitant de cette occasion d'être dans un pays où ce serait vu comme chose naturelle et ne m'attirerait pas insultes et humiliations, et depuis je regrette de ne pas pouvoir le faire ici ... Cette sensation d'être enveloppée, comme si j'étais au chaud, en boule sur un canapé. Ou ces milliers de styles et de couleurs différentes que l'on peut faire avec tous les tissus du monde ... En occident, quand une chose est belle, on la montre, on frime avec. En orient, c'est l'inverse, ce qui est beau est caché, que ce soit un palais, une femme, un bijou ... Trop précieux pour être montré.              Deux approches de la beauté contraires, j'ai grandi en occident et pourtant je le sens plus proche, et plus à l'aise, dans la vision orientale.
     J'espère qu'un jour, un pays existera où les femmes auront le droit de porter ce qu'elles veulent, un bikini ou une burka, sans que personne n'y trouve rien à redire, dans un entretien d'embauche ou à un barbecue, en voiture ou au bureau ... La liberté absolue finalement, un pays qui accepte les deux approches contradictoires de la beauté en même temps. Un rêve, rien de plus, rien de moins, loin du réel.

     I'm currently reading a book by a franco-iranian author who helds very strong views about the veil, and i'm always mystified by these people who put so much signification and symbolism into a piece of cloth, and I always wonder about their past experiences, how they came to held such views. My own experience is so much different : I wore the veil for months and loved it, and ever since I'm back in the west I regret not being able to wear it, because of all the problems it causes with family, employers, mere unknown people seeing you in the street ... I loved this feeling of being "wrapped up" as if I was cuddling on my couch, the touch of the fabric, and the zillions ways and colors I could wear with it. Though I'm muslim I didn't wear it out of religious obligation ( which I don't think it is anyway, but that's another topic ), but first because I love materials and make the most of any occasion to wear pretty stuff about my person ... Sadly anywhere I go in the west it is connoted one way or another.
     These strong and antagonistic views reminds me also of the radically different way to deal with beauty in the west and the east : in the west, when you have something pretty, you show it off to the world, you flaunt it. In the east when something or someone or some part of your body is beautiful, be it a palace, your hair or jewellery, you hide it, because it's too precious for the outdoor dirty life. And I have this big problem that being born and raised in the west, I feel much more comfortable and tuned to the eastern way of dealing with beauty.

يوم الامس بدأت اقرأ كتاب من مؤلفة فرنسية-ايرانية وعندها فكرات قوية وسلبية تجاه الحجاب. وامام هذه الفكرات انا دائما متحيرة : ماذا وقع في حياة الكاتبة لتجعلها تفكر هذه الفكرات الحاسمة تجاه قطعة من قماش ؟
وتجربتي مختلفة الى الحد الاخر : ارتديت الحجاب خلال سنة تقريبا واحببت ذلك كثيرا جدا ومنذ رجعت الى الغرب انا اريد ولا استطيع ان اتحجب بسبب كل المشكلات التي يوجد مع الناس العديين واي شيئ متعلقة بالاسلام ... والناس لا يفهمون ان الغرب والشرق يتعاملان مع الجمال في اتجاه معاكس : اذا عندك شيئ جميل عندك في الغرب يلازمك ان تريئه الى الجميع وتتكابر معه ... في الشرق الاشياء الجميلة هي متحجبة : القصور والجوهرات والشعر و... ومشكلتي هي ان ولدت في الغرب ولكن افضل شخصيا التعامل الشرقي.
طبعا كل هذا يختلف حسب الشخص او الاخر ولكن اين الدولة حيث يمكن للنساء ان ترتدين كل ما تريدين، النقاب او البيكيني ؟

* Bien sûr le livre ne se résume pas à ce genre d'opinions banales, il est très intéressant ( les résumés et critiques abondent ), assez prenant, bien écrit, bien qu'il manque un peu de profondeur à mon goût.

Wednesday 23 November 2011

"Au père faussement autoritaire de la famille arabe, correspond le Dieu particulièrement abstrait et peu répressif de l'islam".

( dernière phrase du cahpitre 3 "la famille arabe et la crise de transition" du livre le rendez vous des civilisations  d'E. Todd et Y. Courbage ).


Ca fait du bien de lire autre chose des fois ...

Sunday 20 November 2011

لنا نحن اهل اليالي القديمة عاداتنا
في الصعود الى قمر القافية
نصدق احلامنا ونكذب ايامنا

(محمود درويش)


(Nous avons, nous les habitants des nuits anciennes, nos habitudes dans l'ascension vers la lune de la rime,
Nous croyons nos rêves et démentons nos jours)

The book of the week

      "I came to respect and depend on the vision of Syed Abbas" Mortenson says. "He's the type of religious leader I admire most. He is about compassion in action, not talk. He doesn't just lock himself up with his books. Syed Abbas believes in rolling up his sleeves and making the world a better place. Because of his work, the women of Chunda no longer had to walk long distances to find clean water. And overnight, the infant mortality rate of a community of two thousand people was cut in half".

     "Then Mortenson talked of the tribal traditions that attended conflict in this region - the way warring parties held a jirga before doing battle, to discuss how many losses they were willing to accept, since victors were expected to care for the widows and orphans of the rivals they have vanquished.
"People in that part of the world are used to death and violence" Mortenson said. "And if you tell them 'we're sorry you father died, but he died a martyr so Afghanistan could be free' and if you offer them compensation and honor their sacrifice, I think people will support us, even now. But the worst thing you can do is what we're doing - ignoring the victims. To call them 'collateral damage' and not even try to count the numbers of the dead. Because to ignore them is to deny they ever existed, and there is no greater insult in the Islamic world. For that, we will never be forgiven" (...)
      "I'm not military expert. And these figures might not be exactly right. But as best as I can tell, we'ce launched 114 Tomahawk cruise missiles into Afganistan so far. Now take the cost of one of those missiles tipped with a Raytheon guidance system, which I think is about $840,000. For that much money, you could build dozens of schools that could provide tens of thousands of students with a balanced nonexstremist education over the course of a generation. Which do you think will make us more secure ?"
( excerpt of Greg Mortenson's speech to the american military ).

--- "Three Cups Of Tea" by Greg Mortenson and David Oliver Relin ---

     Despite a writing I don't always appreciate (being a european, I prefer understatement than melodramatic sentences americans tend to favour), this is one of the best reads of the year - I know, it looks like I'm saying that for every other book I read, but this one is so instructive, and gives some hope : there is people out there, of every color and creed, who make a difference and makes you less pessimistic about this world ...

      Très bonne lecture de la semaine : "Trois tasses de thé" de Greg Mortenson. Au delà de l'écriture grandiloquente comme seuls les américains savent la faire*, on y apprend plein de choses sur cette zone qui fait peur à tout le monde (la zone tribale entre le Pakistan et l'Afghanistan) et on y voit tout un tas de gens, américains, pakistanais, afghans et autres, qui redonnent le moral par leurs faits et gestes.

* J'avais un jour dit d'un film qu'il était bien mais "trop américain" devant une amie américaine, ce à quoi deux autres personnes présentes avaient approuvé. Elle nous a regardé, l'air interrogateur, et aucun de nous trois n'a jamais réussi à lui faire comprendre ce qu'on comprenait tous par "trop américain". Aujourd'hui je ne vois guère que ce mot, grandiloquence, pour résumer le concept, mais on pourrait en écrire un roman ...

Monday 14 November 2011

Je ne suis pas prête d'arrêter mon cinoche ...

       I saw an interesting movie today of which we didn't hear much in France (well, not me at least), called "the help" and for some reason translated in french as "the colour of feelings" ... Story set up just before and during the civil rights movement in the US. Great movie, and it still astounds me thinking that racism and discrimination on that scale were (and are, in other ways) so common ... How can a mere human come up with so much crap ideas ? Same human who can also come up with such courage ... We are the strangest species of the planet.

      Vu en VO aujourd'hui le film "la couleur des sentiments". Très bien, et bon rappel sur ce que l'humain peut pondre d'idée affreuses et ce qu'il peut faire de bon aussi, envers et contre tout.

اليوم شفت في السينما فيلم جميل اسمه "الجادم"، قصة تقع في الولاية المتحدة خلال المطالبات بانهاء التمييز العنصري (مع مارثين لوثر كينغ). فيلم يريك مدة الشر في الانسان ومدة شجعه في الوقت نفسه.

Autres films vus :
- "forces spéciales" : le plus beau taliban du monde est donc israélien. Si je m'étais doutée ... (référence à l'acteur Raz Degan).
- "polisse" : un film parisien avec des comédiens improbables sur un sujet que je pensais impossible à traiter ... Le choc : ce film est une réussite dingue.
- "contagion" : les américains savent donc se passer de leur insupportable grandiloquence quand ils le veulent, et ça donne un truc génial.

Saturday 12 November 2011

"Trust in Allah, but tie up your camel"

( Three cups of tea by G. Mortenson & D. O. Relin )

Thursday 10 November 2011

La connerie du jour

     Ce matin je vois, en marchant, parmi les unes de journaux et magasines dans un kiosque, la une d'un hebdomadaire : "les erreurs de l'histoire" avec en dessous trois exemples de ces supposées erreurs, la première étant "l'entrée de la Grèce dans l'Euro". J'ai mis quand même quelques secondes à comprendre que c'était mis là sérieusement, dans cet hebdomadaire pas drôle du tout.
     Je n'en reviens tout simplement pas qu'on en arrive là. Quand on croit qu'on a atteint le fond de la connerie humaine, un génie redéploie ses talents quelque part, et on ne finit pas d'être atterrés. La vraie erreur à ce stade c'est que les grecs nous aient donné la démocratie et la philosophie ... Et notre nom, l'Europe. Ces andouilles de politicards et autres libéraux qui ne pense qu'à travers leur argent devraient plutôt s'estimer heureux que les grecs ne demandent pas de droits d'auteur sur ces choses là ...

     A serious magazine juste stated this morning on its front page that one of the biggest errors in history was to let Greece in the euro zone. Can't believe it. The money crazed technocrats should just be thankful that the greeks never asked for copyrights on democracy, philosophy, or even our name, Europe.

Wednesday 9 November 2011

Desertion by Abdulrazak Gurnah

     "The radio has broken down and we can get no news. The water has been cut off for most of the day because something has broken down in the pumping station. We no longer know how to make things work. We don't know how to make anything for ourselves, not anything we use or desire, not even a bar of soap or a packet of razor blades. How did we allow ourselves to get into this state ?" 

     This quote doesn't really represent what the book is really about, but still : simple stories, seeming extraordinary love stories but common at the same time, all involving caracters who "desert" their social environment, leading to both failure and victory. But more than the stories, what made me read it to the end is the writing in itself : it's so elegant and beautiful, always avoiding heaviness or boredom, it describes everything in such a just way ... It makes me think of the old classics of english litterature, these books that you couldn't help reading for the simple pleasure of the word more than the stories that were so plain, if not downright boring. Except that here the writing comes from elsewhere, from Zanzibar and Kenya, and it gives an internal foreign touch to the english language that you can't quite locate that makes it "new" and even nicer to read (to me at least), the writing of someone who masters to peferction the english language and culture and who can smoothly enhance all this with somehting else ...

     Livre traduit récemment en français me semble-t-il sous le nom de "adieu zanzibar". Je me demande ce que donne la traduction, tant l'écriture en anglais est magnifique, c'est d'ailleurs elle, plus que l'histoire, qui m'a tenu en haleine. Ecriture toujours élégante, juste, qui évite les lourdeurs et les envolées lyriques inutiles, et l'auteur lui même  arrive à nous faire oublier tout les clichés possibles sur le sujet du colonialisme, de l'islam, des ehtnies, des exilés divers ... On ne s'occupe finalement que de ces personnages et de leurs histoires si courantes à travers le monde.

لا اعرف ان هذا الكتاب مترجم الى العربية: "ترك" (ربما هذا الترجمة من العنوان غير صحيحة) 
قصات خلال الاسعمار في زانزيبار ومومباسا عن اشخاص يتركون عاداتهم وما يتعودون عنه ويجعلوهم الى الفشل والنجاح في آن واحد. قصات عادية تقريبا ولكن الكتابة معجبة وجميلة وتجعلك تقرأ حتى النهاية ... احب كثيرا المؤلفين الذين يستوعدون الثقافة الانكليزية واللغة الانكليزية بشكل كامل وهم من عالم آخر (الهند، او الشرق الاوسط او افريقية مثل هذا الكاتب) : كتابتهم معجبة ومعينة مع ان لا تعرف ماذا بالضبط هو مختلف.

Monday 7 November 2011

Citation du jour

     "La plus grande part de controverses qui embarrassent l'humanité dépend de l'usage douteux et incertain des mots et du caractère indéterminé des idées qu'ils désignent".
John Locke, Essai sur l'entendement humain

     Voilà quelqu'un de doué, voilà résumé la cause de tant de débats inutiles, si longs ... ou de simple malentendus : premier matin à Lyon, je vais à la boulangerie, et comme on peut s'y attendre dans une boulangerie, je demande un pain. La vendeuse me regarde : "une baguette ou une flûte, que vous voulez?" ... J'ai demandé la baguette, n'ayant aucune idée de ce que pouvais être une flûte sinon un instrument de musique. Un an plus tard, j'ai compris : flûte = pain. 
     Et encore ça c'est rigolo. Mais imaginez si on prend un mot comme "laïcité", "démocratie", "liberté", "religion", "politique", sans parler des stars "islam", "sharia", "intervention militaire/humanitaire" ... Comment voulez vous que ça aille bien, si on est déjà pas d'accord sur le mot pour désigner du pain ? ( et dans une seule et même langue ! )

Friday 4 November 2011

The butterfly mosque

Autobiography by Willow Wilson

     I ordered it through amazon by chance (I don't like sponsoring anyone or anything but I have to admit my life has been embellished by this website ... Where else could I find so many books so cheap?), I think I heard of it first on another website (muslimahwatch if I'm not mistaken) and I didn't even remember the subject by the time I received it.
     And so I began reading it and was enthralled by the story at its first pages ... It was the first time ever I could relate almost totally to the experience of another convert ( revert as many muslims like to call us ), and her story is so beautifully written, with a very light style, amusing, and above all, something I appreciate, being raised french, not trying to convince anyone of anything, the author here just want us to read her story and at least understand, if not approve, what happened to her, what her life has been and might still is. 
     It's refreshing (another widely used term that comes to mean almost anything, but it's the only one I can think of today), it's an adventure, and it's the sort of book that contributes to "building bridges between cultures" (gosh I'm so mainstream today !), and not destroy them.
So you you have a little time (quick read) and some money (you can get it really cheap second hand ... Or free in any library), I strongly recommend it.

     Autobiographie de Willow Wilson, que l'on peut traduire par "la mosquée papillon", pas encore traduite en français me semble-t-il. Belle histoire d'une américaine convertie, une conversion qui me ressemble d'ailleurs beaucoup, mais c'est surtout l'histoire de sa rencontre avec son mari, et le style est très agréable et léger, et l'auteur ne cherche à aucun moment à convaincre qui que ce soit sur quoi que ce soit, ce qui est en soi très agréable par les temps qui courent ... !

   "مسجد الفراشة" سيرة ذاتية لويلو ويلسون (كاتبة اميريكية) 
اشتريت هذا الكتاب ولمل استلمته ما تذكرت عما كانت القصة ... وكنت متعجبة باكتاب من الصفحة الاولى : سيرة من امرأة اميريكية التي اسلمت وسافرت الى مصر وتزوجت هناك وهذا القصة هي الولى التي مشبهة بقصتي انا فيما تكتب عن مشاعرها وكيف الحياة دفعتها في هذا الاتجاه. ومهم جدا بنسبة للقراء الغربيين، لا تحاول ان تقنع احدا مع اية من فكراتها. تحاول الكاتبة ان تجعل الناس متفاهمين مع قصتها فقط، ولا حتى راضيين.

Tuesday 1 November 2011

Sharia par-ci sharia par là ...

     Allez, c'est parti, l'occident flippe devant les "islamistes" qui gagnent tous plus ou moins les élections. Mais c'est normal, remarquez, l'occident a été complètement surpris par les révolutions ( quoi, les arabes sont capables de penser, de bouger, et même de faire des révolutions non idéologiques ? ), alors le temps qu'il comprenne toutes les subtiles nuances de l'islam et de l'islam politique et de la récupération politique de l'islam ... Sans parler d'une révolution non islamique (comme si l'Iran shiite et perse de 79 valait pour les pays arabes et plus ou moins sunnites en tout temps !)
     Aucune révolution n'a jamqis débouché sur quelque chose de parfait et d'équilibré dès le lendemain, ni en Europe ni ailleurs, alors qu'on assiste à une vague conservatrice en Lybie n'est pour moi que temporaire, donc éventuellement et seulement temporairement inquiétante. Ce qu'il serait reposant serait de relire un peu les ouvrages d'historiens sur la révolution française, si sanglante, si radicale, si désespérément longue à mettre en place, encore plus en ce qui concerne l'obtention de quelque chose d'équilibré et tolérable, après quelques empires, quelques colonisations et quelques guerres mondiales ... On se rendrait compte finalement que les révolutions arabes et nos épouvantails préférés, les "islamistes" sont plutôt gérables, et fort peu inquiétants, comme surprises de dernière minute.

     PS : j'allais oublier : je recommande chaudement la lecture du bouqin d'un politologue tunisien, ca tombe bien en ces temps révolutionnaires, athée endurci ( voire peut être limite trop fanatique à mon goût ) et qui pourtant, ô choc à nos attentes, sait parler de ce concept fourre-tout qu'est la sharia bien mieux que tous nos journalistes flippés et autres pseudo-intellos qui ne connaissent des pays arabes que le club Med ... "le politique et le religieux dans le champ islamique" de Mohamed Chérif Ferjani. Des euros sagement dépensés en ces temps de crises monétaires et intellectuelles ...

Sunday 30 October 2011

Décision du jour bonjour !

Comme je l'avais commençé, je vais continuer : écrire les posts en français, anglais et l'autre langue que je maîtrise moins, l'arabe. J'ai longuement hésité, ayant pas mal de scrupules et autres petits cailloux à écrire mal du fait de ne pas maîtriser la langue aussi parfaitement que je le voudrais ... Mais pour la maîtriser il faut bien s'entraîner, et donc ce blog que personne ne lit est l'occasion.
قررت ان اكتب بالعربية بعض المقامات مع ان لا اتقن اللغة بشكل جيد ... ولكن اريد ان اتقنها ومن اجل ذلك لا يوجد افضل من التدرب على هذه المدون الذي لا احد يقرأ على كل حال !
And to conclude in english : the different posts of this blog will be randomely written in english, french or arabic ( according to the subject possibly ) even though I’m far from being good in arabic - or english for that matter but I can’t accept being bad in it for some reason ... 

Saturday 29 October 2011

D'un monde à l'autre

C'est souvent frustrant de vivre et voyager entre différents mondes, qui paraissent si souvent imperméables les uns aux autres. Comment expliquer à ma grand-mère, maître Yoda de l'islamophobie, ce que j'ai vu pendant 8 mois : une classe de langue et culture dans une université jordanienne, une centaine d'étudiants pour un prof, et l'ambiance joyeuse qui y régnait qui revenait toute entière à deux élèves improbables : un palestinien de nationalité israélienne, qui connaissait mieux l'hébreu que sa langue maternelle l'arabe, et qui pourtant a très peu de chances de se voir un jour octroyer les mêmes droits et devoirs que ces concitoyens juifs israéliens, et une jordanienne en niqab, tout de noir vêtue, qui partait dans des fous rires toutes les 10 minutes. Ces deux élèves menaient la danse, à coup de commentaires, d'humour, de questions pertinentes, le prof heureux de voir un peu de répondant, dans une classe qui avait tendance à s'endormir, sous la chaleur écrasante des après-midi ... Comment lui expliquer qu'il était si agréable d'être dans cette classe, bien plus que dans mes classes habituelles en France, si pleines de morosité.
J'imagine qu'elle me répliquerait qu'on trouve toujours l'herbe plus verte dans le jardin du voisin ... Mais ce n'est plus vrai. J'ai depuis longtemps dépassé le stade du "à l'étranger c'est mieux", j'apprécie ce dont je bénéficie en France, peut être bien moeux depuis que je suis partie a l'étranger, mais une chose est devenue certaine, à force de paser de mondes à d'autres : les problèmes sont partout, sous toutes leurs formes, mais je sais que je préfère entendre et parler de ces problèmes en arabe plutôt qu'en français, avec tout ce que ça peut impliquer de particularités et bizzaretés culturelles ...

Sunday 2 October 2011

Bonheur illimité

Ca y est, un autre de mes petits rêves de réalisé : une carte de cinéma illimité ! Pour 20 euros par mois, autant de films que je veux, dont pas mal en VO, que demander de plus ?
J'ai donc inauguré cette année de bonheur avec un film dont je venais à peine d'entendre parler, "Le cochon de Gaza", le titre étant lui même intéressant ... Une comédie donc, sous titrée ( ah quel bonheur d'avoir des films sous titrés, pourquoi la règle française, unique en son genre d'ailleurs, est elle de systématiquement doubler tous les films ? L'exception française est lourdingue des fois ), j'ai presque compris tous les dialogues d'ailleurs, quelques scènes franchement drôles, et une fin conventionnelle, gentillement utopique, mais je suppose que le pays même est un argument pour faire une fin heureuse à ce genre de film, et si possible conventionnelle pour contenter toutes les parties, histoire d'être diffusé ailleurs qu'à Gaza ...
Mais je ne me plaindrai jamais d'un film qui se termine bien, comme pour les livres, la réalité suffit pour être triste. D'ailleurs la réalité dépasse souvent la fiction, j'en ai eu la preuve il y a encore quelques jours, en discutant avec ma soeur sur skype : en plein milieu de la conversation, je la vois sortir de l'écran, j'entends du bazar, des cris, des portes qui claquent ... et peu après, de la fumée par la fenêtre puis dans l'appartement. Une bande de déglingués venaient de foutre le feu à l'immeuble. Je suis restée comme une con devant mon écran d'ordi à voir l'immeuble crâmer de l'intérieur, les pompiers arriver, et l'ordi couper la connexion, trop chaud. Mais ouf, ma soeur a rien eu.
Suite au prochain numéro ...

Monday 26 September 2011

Rediscovering the other ... Jordan

Not the country this time,  but the pseudonym of the Wheel of Time's author, Robert Jordan.
I discovered this series of books 8 years ago while I was in Australia, living a year abroad in high school, and come the third book I was thouroughly taken up by the story ( yes, it takes time and a lot of pages for me to decide if a book(s) is worth continuing ) ... The first two books didn't uterly convince me, particurlaly the first one, because to my eyes of the ever Tolkien fan, it was too much inspired from the Lord of the Rings to b original ( and so, interesting ). Wether it was conscious or unconscious, when I reread the first book 3 weeks ago, I definitely found several scenes much alike to Tolkien's book. But Robert Jordan, like Ken Follett, being an even better scenario-writer ( is there a particular word for this job ? ) than novelist, you have a hard time putting the book down.
To love Tolkien, you have to be patient and of a contemplative nature ( or lover of the beautiful sentence, nostagia, etc ... as I am ), and then you're gripped by the story, and to love Jordan you just have to open the book. It's not the best written book I've read, but it's one of the more efficient. And the story is complex, and at last you get a fantasy world that draws from all kinds of imaginaries : you find reminders of chinese civilisation, or arab people, or ... but all well blended and worked into original people and characters so as not to be a mere "copy-paste" of our world.
Anyway, I'm re-reading it now that I'm sure the story approaches the end ( sadly without Jordan to do it, but the one they picked up, Sanderson, looks really good to me ), so that I won't have to wait another 8 years to know it ... And to anyone who never heard of it, or just heard and didn't read, whatever litterature you usually like, two words : read it !

Thursday 18 August 2011

Best follow up to Orientalism ...

...I found up until now. And it's called The new orientalists by Ian Almond. It gave me a whole new perspective on postmodern intellectuals as he calls them ( for me they're just plain modern, ultramodern ... But then post modern has always appeared to me as a shallow term, for westerners who are trying to convince themselves they have changed since the imperialist and colonisations times ... When a european is really over that, he doesn't need to proclaim it, his acts suffice ) . Anyway, nine intellectuals's works are reviewed on their relationship to the Other and the "orient" more particularly, from Rushdie to Foucauld, all intellectuals thinkings they have got over the orientalist wave and even believing fighting it, when they are clearly swiming in the middle of it. Really interesting book, and it's almost a fast-read. And if you haven't read first Orientalism by E. Said, then go buy both books !

Tuesday 14 June 2011

A-t-on à ce point là besoin du "e" ?




Je n’ai rien contre les luttes féministes, bien au contraire ( même si le type le plus répandu de féminisme que l’on trouve en France ne me plaît guère ), mais il y a certaines «luttes» qui ne me paraissent rien de plus qu’un délire inutile, par exemple, la féminisation des noms. Je ne supporte par qu’on dise d’une femme écrivain qu’elle soit «écrivaine». Peut-être est-ce ma culture, trop ancrée dans le patriarcat, dont je ne peux me défaire pour ces mots-là, mais pour moi ce genre de détail dessert plus qu’il ne sert les luttes, les vraies, féministes ( égalité de salaires, etc ). C’est comme si on mettait un accent, une insistance sur le fait que cette personne là est femme, avant d’être écrivain, alors que pour un homme on fera plus attention à ce qu’il soit un écrivain, avant d’être un homme. Pourquoi ne pas prendre comme définition standart «écrivaine», y compris pour désigner les hommes écrivains ? Ca c’est parce qu’on est, français, faits d’une culture à tendance patriarcale, c’est notre héritage, quoi qu’il se passe. A quoi cela servirait d’effacer l’histoire ? Le matriarcat est-il tellement plus enviable ? Autre discussion.

Bref, le mot de base est «écrivain», mais son utilisation est devenue neutre, neutre masculin certes, mais neutre depuis qu’il y a aussi des femmes écrivains. Alors pourquoi ne pas continuer dans cette voie là, la voie de la neutralisation des noms ( qui ne seront pas plus neutres si on les féminise ), pour que quand on présente un écrivain, on se foute qu’il soit homme ou femme, on s’occupe tout d’abord de ce qu’il est écrivain avant tout. C’est là pour moi un vrai argument féministe : faire en sorte qu’on ne se préoccupe pas du sexe de la personne qui occupe tel ou tel métier. Le métier a un seul nom, écrivain, et c’est tout. Hommes et femmes peuvent faire ce métier, sans restriction, sans discrimination. Faire un mot différent pour les femmes, n’est-ce pas quelque part en faire une métier différent, et ainsi accentuer quelque chose, la différence ( qui mène malheureusement trop vite à la discrimination dans ce genre de cas ), que le féminisme se tue à dépasser ? Un homme et une femme sont différents, certes, mais un homme qui écrit et une femme qui écrit font exactement la même activité, alors pourquoi utiliser deux mots différents ? Un seul suffit, écrivain. Notre histoire a voulu que ce mot soit masculin, soit, mais c’est de l’histoire, il faut la connaître et l’assumer pour mieux la dépasser, et passer à autre chose.

Monday 6 June 2011

Quand ça se finit bien


J’ai toujours eu du mal à apprécier les livres ( ou les films ) qui finissent mal ... La vie est souvent trop triste pour qu’on se sente le besoin d’en rajouter dans la fiction, j’ai donc tendance à éviter toute histoire triste, même de très bonne qualité. Seuls deux livres m’ont fait pleurer auxquels j’ai pu mettre 5/5 parce que l’histoire me touchait tellement au plus profond que je ne pouvais émettre aucune critique dessus : «My place» de Sally Morgan ( non traduit en français je crois ), autobiographie d’une enfant aborigène enlevée à sa famille dans son enfance à cause de l’affreuse politique de cette époque ( trop récente à mon goût ) qui enlevait les enfant aborigènes à leurs familles pour les élever dans des pensionnats et les «blanchiser» culturellement ( interdiction de parler leur langue maternelle, etc ). L’autre livre est «les matins de Jénine» ( «the scar of David», en anglais ) de Susan Abulhawa, l’histoire sur trois générations de femmes palestiniennes, et qui retrace en toile de fond les grands événements dramatiques de l’histoire palestiniennes du vingtième siècle.

Deux histoires de colonisations, deux histoires de peuples déracinés, d’exil, je ne sais pas pourquoi je suis touchée par ces sujets, moi qui ne suis ni colonisée ni déracinée ( mon père est certes immigré italien mais je ne sais pas si ça peut compter pour beaucoup ), mais c’est systématiquement ces thèmes qui me percent au plus profond, qui m’obsèdent.

Et donc seulement avec ces thèmes je peux temporairement supporter une histoire triste, mais il faut alors vite que je lise ensuite quelque chose de léger, sinon je passerais ma vie à pleurer.

Tout ça pour dire que j’ai dernièrement lu une histoire que je voyais finir mal, mais qui à mon agréable surprise s’est bien terminée, et donc me donne envie de lire d’autres livres de cette auteur : «the translator» de Leila Aboulela, l’histoire d’une musulmanne qui tombe amoureuse d’un professeur écossais, histoire qui peut paraître à première vue cliché et où l’on s’attend à y retrouver les clichés attachés à ce genre de sujet, mais finalement c’est joliment écrit ( moi qui d’habitude n’aime que très peu les livres écrits par des femmes, sauf exceptions ci-dessus ), clichés évités, et on est contents que ça se termine bien.

Sunday 29 May 2011

De retour ...

... ou plutôt devrais-je dire de passage ?
De retour en France pour quelques mois inch'Allah, pour 3 ans au pire. Ce n'est pas très grave en soi, mais quand je suis montée dans le deuxième avion, celui qui atterissait à Paris, entendre du français autour de moi m'a assomé. Ce n'est pas que je n'aime pas cette langue, mais je crois bien que je ne l'aime qu'écrite. Parlée elle me paraît toujours surfaite, sauf s'il y a un accent régional prononcé, quelqu'il soit.
Pour les 3 mois à venir, j'ai heureusement une bibliothèque bourrée à craquer qui promet de belles heures de lectures ... en arabe, anglais et italien. On verra si on peut y mettre un peu de français, Bourdieu n'a jamais fait de mal.
Et comme à chaque fois, j'oublie à quel point tout est vert Disney dans ce pays. A côté du vert gris poussiérieux et ancien de la Jordanie, de l'Australie, ce vert brillant et joyeux des arbres de franche comté parait lui aussi surfait, comme les petits pois vendus en boîte. Pourtant c'est beau, mais ça manque bizarrement de réalité.
Que les retours sont durs. Enfin, les transitions.

Friday 20 May 2011

Vendredi d'ennui



Comme un dimanche français, un vendredi jordanien est ennuyeux. On a beau avoir plein de choses à faire, dont des examens à réviser, des bouqins intéressants à portée de main, du nutella dans le placard, un soleil radieux ( peut être trop, on est obligé de fermer les fenêtres pour garder un peu de fraîcheur ), des infos particulièrement trépidantes : rien de mieux qu’un vendredi pour que les chaînes d’infos du monde arabe se remplissent de suspense : qui va manifester, où, quel nombre, quelle répression, quel nouveau pays va entrer dans le bal des révolutions et des révoltes, quelle nouvelle stupidité va nous sortir tel dirigeant (arabe ou occidental) ? 

Et pourtant c’est un vendredi, jour de congé, de repos, de prière, et d’ennui. Alors on lit des articles sur internet au lieu de réviser, on regarde les infos d’un oeil, toujours les mêmes reportages, les mêmes foules, les mêmes morts, la même injustice, la même politique à deux vitesses de l’occident vis à vis du monde arabe, le même espoir de plus en plus ténu que les populations arabes arriveront un jour à la liberté, à se débarrasser des ingérences étrangères pour de bon. 

Même pour cette année exceptionnelle, tant au niveau personnel qu’au niveau mondial et moyen-oriental, le vendredi finit par être un jour d’ennui, comme un dimanche en France. La seule différence c’est que l’ennui se passe dans une autre langue, et c’est bien pour ça que je préfère encore les vendredi d’ennui que les dimanche d’ennui.

Thursday 19 May 2011

Visite médicale

J’ai été voir le médecin aujourd’hui, n’en finissant pas d’être malade, et il m’a demandé ce que j’étudiais en France. Arabe et anthropologie. «Anthropologie sociale ?» m’a-t-il demandé ( pour différencier de l’anthropologie physique, distinction généralement faite en anglais - on parlait en anglais ), il paraissait très intéressé, qualifiant cette science de fascinante ... On a malheureusement peu eu le temps de parler, mais le temps pour lui de me dire «tu vois, je suis arabe, mais je n’ai jamais rien compris à la société arabe ... L’anthropologie a certainement beaucoup de choses à dire là dessus», et aussi de me dire la tristesse qu’il ressentait en voyant ce qu’il se passait au Yémen, au Bahrein, en Syrie ... J’aurais bien aimé parler plus, c’est tellement rare de tomber sur des gens intéressés par l’anthropologie, et qui se posent de questions comme je m’en pose.

Wednesday 18 May 2011

Flemmarde

J’ai passé plusieurs mois à prendre soin de mon allure : changer de vêtements tous les jours pour qu’en une semaine je ne me retrouve pas avec la même tenue deux fois, etc ... Et là depuis un mois, depuis que je pense aux cartons, depuis que je suis tombée malade, je suis passée en mode flemmarde, grâce à ce merveilleux habit, très courant au moyen orient, qu’est l’abaya.

Encore une fringue largement décriée dans nos contrées, une espèce de grande robe noire ( parfois avec des touches de couleur ) qui descend presque par terre, plus ou moins ample, qu’on met par dessus les vêtements pour sortir. Donc on entendra toujours parler des détracteurs qui trouvent ce vêtement pas pratique, trop chaud, anti-femme ( parce qu’il est sensé cacher les formes, mais je trouve ce point plus que discutable quand il y a un peu de vent ), etc ...

Mais personnellement, j’adore ce vêtement, c’est le confort dans toute sa splendeur : on peut s’habiller n’importe comment en dessous, donc mettre les fringue les plus confortables que l’on a ( voire un pyjama ), personne ne le verra et vous passerez la journée tranquille, sans être serrée ou gênée par quoi que ce soit ( à moins que comme les fashionistas du Golfe vous tenez à mettre des fringues à la mode pas toujours très agréables à porter ). Et à mon goût personnel, ce vêtement a une classe rarement égalée : tellement de coupes et de matières utilisées, tellement de joli drapés, tellement de beaux mouvements créés par le vent et les gestes ... Sachant que pour une raison ou une autre les plus belles abaya que j’ai vues étaient portées par des filles du Golfe, à croire qu’elles ont des modèles spéciaux.

Donc me voilà, dans ma dernière semaine en Jordanie, à profiter de mettre ce vêtement que je ne pourrai très certainement pas mettre en France, ne recherchant pas particulièrement le regard dubitatif des gens flippés sur tout ce qui fait «musulman» ( j’ai récemment entendu parler d’une affaire de robe longue dans une école, accusée d’être un signe religieux (!), comme si l’interdiction du voile ne suffisait pas ... )

Tuesday 17 May 2011

Rien que des bouts de tissus

J’aime ce pays où on peut croiser une fille blond platine, une autre en niqab, une autre en voile classique, sans que personne ne trouve rien à redire à l’une ou l’autre ( sauf peut être les zélés de toutes factions, mais n’oublions pas qu’ils sont une minorité ). Certes la majorité des femmes dans ce pays sont voilées, une minorité ( souvent des classes aisées ) ne l’est pas, une autre minorité est en niqab ( femmes bédouines ou du golfe, plus rarement de la mouvance dite «salafiste» ), mais ces deux minorités ne semblent pas rencontrer autant de difficultés ici dans ce pays telles que d’autres minorités pourraient en rencontrer en France ou ailleurs. Je ne peux pas en jurer, je n’ai vécu ici que 8 mois, mais il paraîtrait clairement absurde aux gens ici de faire des lois interdisant le niqab ou de sortir «en cheveux» dans la rue ... On ne peut pas en dire autant en France. Mais quand le culturel rencontre le religieux qui rencontre le politique, les gens gardent rarement la tête froide et objective ...

Mais je suis rassurée de voir qu’il y a encore des pays qui se foutent pas mal de ce que les femmes mettent sur leur tête. ( Je parle bien du pays en général, avec ses lois, et non pas des familles en particulier, où, comme partout sur cette planète, il y a des règles plus ou moins discutables ).

Friday 13 May 2011

Comparaisons

Je n’avais jamais réalisé à quel point la Jordanie pouvait ressembler à l’Australie ... On trouve les même couleurs que l’Australie centrale : terre orange, arbres vert-gris ( ici les oliviers, là bas les gommiers ), ciel bleu, désert infini. C’est peut-être pour ça que je me suis attachée si vite à ce pays. Et 6 heures d’avion au lieu de 28 c’est encore mieux.

Tuesday 10 May 2011

Lectures

     J'apprends des langues surtout pour pouvoir lire dans celles-ci, bien plus que parler ... Parler n'a jamais été mon truc, je le laisse aux plus doués que moi. Donc mon but principal, pendant cette année jordanienne, était d'accumuler et lire autant de livres que possible, ce qui est économique, vu le prix des livres ici comparé aux prix français. De la même façon c'est bien de savoir l'anglais, ne serait-ce parce que les occasions des livres anglais sur amazon sont carrément valables ...
     Donc après avoir fini un livre d'Abderrahmane Munif, dont l'écriture limpide est toute désignée pour les débutants en arabe qui veulent lire un livre en arabe sans trop s'arracher les neurones, j'ai attaqué un de Sonallah Ibrahim, et le Nom de la Rose. J'avoue que le premier est beaucoup plus facile à comprendre que le deuxième. Mais si j'arrive à lire en entier le Nom de la Rose ( que je n'ai jamais lu d'ailleurs ) en arabe, je pourrai affirmer sans trop de doute que j'ai au moins fait des progrès cette année de ce côté là, la lecture ...
     En tous cas il est bien dommage que سباقة المسافات الطويلة ( qu'on pourrait peut être traduire par "marathon" ? ) d'Abderrahmane Munif ne soit pas traduit en français, j'ai trouvé ce livre hautement pertinent pour cette année d'événements qu'a connu le monde arabe : l'auteur ne donne aucun nom de ville ou de pays en particulier, on se sait pas où se déroule l'histoire sinon dans un état "oriental" ( d'après le nom des personnages on peut deviner l'Iran des années 50 ? ), et c'est une révolution, la chute d'un régime, vu par les yeux d'un espion britannique qui se rend compte que l'Angleterre ( l' "empire" ) n'a rien vu venir, rien compris de ce qu'il se passait réellement et que tout lui échappe ... Et on a donc droit à la vision orientaliste de cet espion, et en quoi cet orientalisme l'aide à comprendre ou l'aveugle, pour au final arriver à ce résultat : le pays oriental a bougé tout seul, et personne n'y pouvait rien, sauf peut être les américains ...

Sunday 8 May 2011

L'honnêteté

    Une particularité jordanienne qui va me manquer ... Le chauffeur de bus qui s'arrête et te klaxonne pour te rendre 15 cents de monnaie ( comment peut tu oser partir sans attendre qu'on te rende la monnaie ? ), le vendeur du magasin de chaussures qui te redonne ton billet de 5 dinars la fois suivante que tu passes devant le magasin parce qu'après consultation avec le patron il aurait dû vendre la paire de godasses 10 et non 15 dinars ... ou le couturier, auquel tu redemandes une dernière retouche deux jours plus tard qui refuse d'être payé. Et le plus évident, les taxis, qui ne cherchent que très rarement à embobiner l'étranger, et lui fait payer le même prix, d'office, qu'aux jordaniens.
    Mon amie, qui a pourtant vécu dans pas mal d'autres pays arabes, était surprise à chaque fois de ces actes.
    La Jordanie est décidément un pays qui tourne rond là où beaucoup d'autres se casseraient le nez : aucune ressources naturelles, plein de désert, plus de réfugiés que d'habitants ( sur 6 millions, il y a 3 millions de palestiniens et 1 million d'irakiens, sans compter les travailleurs égyptiens, etc ... ) et entouré de voisins plus ou moins turbulents ( Syrie, Irak, Palestine, Arabie Saoudite ).
    Et le chauffeur de bus, pauvre et mal habillé, insiste quand même pour rendre tes 15 centimes, c'est une affaire d'honneur et d'honnêteté, ça ne se discute pas.

Saturday 7 May 2011

Um Qays

     Quel plaisir que d'emmener des gens sur des ruines et de les voir heureux comme des gosses, émerveillés par les vieilles pierres. C'est le cas d'une amie que j'ai emmené aujourd'hui à Um Qays, où se trouve un village romain-bysantin-ottoman avec une vue magnifique sur le lac de Tibériade. Un paysage bucolique plein de fleurs de toutes les couleurs, et trois pays en un seul regard : Jordanie, Syrie ( et Golan ) et Israel-Palestine. Paysage bucolique et pourtant si tendu de barrières plus ou moins invisibles. Un pays occupé, un pays sans gourvernement plus loin ( on peut deviner le Liban au delà de quelques montagnes ), un pays en révolution ou guerre civile, on ne sait pas trop, et la Jordanie, bizarrement calme au milieu de ses drôles de voisins, se contentant de quelques manifs le vendredi.
     En tout cas un des lieux de Jordanie à ne pas rater, 3 dinars l'entrée, 75 cents de minibus de Irbid à Um Qays.
     Puis de terminer la journée dans un restau, à 4h, car peu importe l'heure, il y a toujours à manger, et surtout du mansaf, le plat typique jordanien ( riz, viande ou poulet, le tout arrosé de lait de mouton épicé ) simple et affreusement bon.

Friday 6 May 2011

Débuts et fins

    Dernier mois en Jordanie. J'aurai fait bien plus que je n'avais prévu, mais aussi beaucoup moins. Mais cette année aura servi au moins à confirmer une chose : je ne peux pas être très loin du Moyen Orient très longtemps.
    Je m'attendais à bien plus de soleil, j'ai eu beaucoup de pluie. La Franche Comté me suit-elle jusque là?
    Je m'attendais à parler couramment, finalement je m'estime heureuse de pouvoir comprendre presque couramment.
    Je m'attendais à tout un tas de problèmes sur le plan social, j'ai eu une année très facile. Mais dure sur un plan que je n'avais pas envisagé, la santé. Deux semaines que j'ai failli y passer, déshydratation sévère, dysentrie, fièvre, vomissements, sauvée aux urgences. Il aura fallu que j'aille au fin fond d'un pays arabe pour aller à l'hôpital pour la première fois de ma vie.
    Nouvelle vie donc, avec un but à long terme : la maîtrise parfaite de l'arabe, que mon premier roman, quelque soit le nombre d'années qu'il mettra à voir le jour, soit écrit en arabe avant tout autre langue. Joseph Conrad l'a bien fait, pourquoi pas moi ?
    Et d'autres buts : apprendre tout un tas d'autres langues, visiter tout un tas de pays, faire tout un tas de métiers, rencontrer tout un tas de gens. Ca fait bobo mais je m'en fous, je serai toujours trop fauchée pour être réellement bobo.
    Et lire le plus de bouqins possible. C'est clair et net, je suis de la religion du Livre.